Collection d'instruments de musique mécanique (orgues de barbarie, automates anciens, orchestrions, boîtes à musique) présentée par le Musée Baud de L'Auberson/Ste-Croix/Suisse et musique mécanique glanée ici et là.
Au
Musée
Baud
nous avons une collection impressionnante (quelques milliers) de
disques 78 tours. Nous en vendons d'ailleurs si vous êtes
intéressés. Parmi ces 78 tours donc, on trouve de petits trésors
tel que "Rock
Around The Clock"
de Bill Haley
(1956). Etant
donné que la production des 78 tours a cessé vers 1957-1958, c'est
donc un des derniers à avoir été gravé à cette vitesse. Rien que
pour vous, le voici joué sur un phonographe "La Voix de son
Maître" de
1920 avec un pavillon impressionnant destiné à l'écoute dans les
établissements publics (et
bien entendu, pas de piles ni d'électricité : c'est un moteur
à ressort…) :
Et
voici maintenant la version filmée de l'époque :
En
attendant un prochain billet, portez-vous bien. Et quoi que vous
fassiez, faites-le comme il faut !
L'autre
jour, au Musée,
je descends à l'atelier de Michel que je trouve en train de préparer un phonographe pour une
exposition organisée par Pascal
Frioud de Pully/Vaud
. C'est
un appareil de la marque "Phrynys" de Sainte-Croix, marque
que je ne connaissais pas bien qu'étant de "là-haut".
Que
peut-on dire sur cette marque Phrynys ? Voilà ce que nous raconte Pascal Frioud : "En
Suisse, le fabricant John Jaccard à Ste-Croix a
fabriqué
des phonographes de marques Phrynis et
Esperanto
en relation avec Charles et Jacques Ullmann de Paris, représentants
depuis 1899 de Zonophone pour la France (Odéon - Phonotipia -
Zonophone). Leur
magasin était situé 11 rue du Faubourg Poissonnière.
Les Frères Ullmann fondent ensuite
la société Internationale
Talking Machines à Berlin. Ils
ont
également fabriqué des phonographes à cylindre sous leur propre
nom. Ces appareils avaient
un logo représentant un cygne à l’intérieur d’une Lyre. Dès
1906,ils firent construire leurs propres phonographes à disque par
John
Jaccard sous la Marque Phrynis."
A
noter que la compagnie "C&J
Ullmann" était déjà installée à Sainte-Croix et fabriquait
des boîtes à musique.
Mais
revenons à l'appareil qui nous occupe aujourd'hui. C'est
donc un phonographe 78 tours Phrynys fabriqué à Sainte-Croix par
John Jaccard vers 1915. Muni d'un pavillon floral peint au peigne,
c'est sa forme asymétrique qui en fait sa rareté.
Phonographe Phrynys à monnayeur
John
Jaccard fabriquait aussi des phonographes sous la marque "Esperanto".
Ci-dessous un modèle assez particulier et assez rare à
double diaphragmes (reproducteurs) et pavillons. Système breveté
des 1904 par Laurent Gardy à Ste-Croix et Perpignan et présenté
pour la première fois à Lausanne le 23 juillet 1909.
Il
ne s'agit pas d'un appareil stéréophonique. Aucun 78 tours n'a été
gravé en stéréo. La double tête de lecture ne supporte qu'une
aiguille. Les 2 bras acoustiques et pavillons permettent simplement
de diffuser le son de manière plus large dans l'espace (Pascal Frioud).
Le logo de la marque Phrynys. Quand même un peu
plus recherché que maintenant...
Et
je suis tombé (même pas mal…) sur une vidéo intéressante expliquant la
gravure des disques en 1932-1934 :
Voili
voilou, ce sera tout pour aujourd'hui. Portez-vous bien. Et quoi que
vous fassiez, faites-le comme il faut !
Allez,
bande de radins, offrez un magnifique cadeau de Noël à votre
femme/maîtresse/etc. autre que de vulgaires bijoux. Je vous propose
cette magnifique table orchestre 6 airs tout juste sortie de
restauration par l'atelier
Michel Bourgoz. Fabriquée par Ami Rivenc à Genève
vers 1880, elle comprend six timbres, un tambour, des castagnettes et
une voix céleste. C'est un cylindre de 41 cm avec un clavier de 44
lames et un de 38. Elle est à vendre pour la modique somme de 9'500
fr. Lâchez-vous pour une fois !
6 airs. 1 tambour, 6 timbres, castagnettes, cylindre de 41 cm, 1 clavier de 44 et 1 de 38 lames
Ce sont de petits oiseaux qui frappent les timbres
Ce point rouge est un rubis qui sert de lubrifiant au
régulateur de vitesse
Le ressort
Ces petits leviers au centre actionnent les flûtes, le tambour,
les timbres et les castagnettes
Le tambour
Les castagnettes
Le répertoire
Et maintenant, place à la vidéo :
Ben voilà ! Si vous la commandez et que vous êtes sages, je la livre chez vous.
Aujourd'hui
c'est une pièce rare (enfin comme tout ce que nous avons au Musée
de L'Auberson ) que je vous présente : une
pendule à flûtes. Magnifique objet de salon fabriqué à Paris vers
1800. Elle joue 8 mélodies au moyen de 16 petites flûtes, une
mélodie par heure. A la neuvième heure retour à la première
mélodie. La décoration se rapporte à la campagne d'Egypte du
Général Bonaparte (n'était pas encore empereur). A la place des
lions à tête de femme, j'aurais mis des tigresses. Mais bon, c'est
une opinion toute personnelle qui n'engage que moi…
Vous
êtes d'accord que c'est bien plus beau que ces pendules qui font
bêtement "coucou" ! Je profite de dire à l'intention
de mes ami(e)s de France que le coucou n'est pas suisse. C'est une
horrible invention allemande de la Forêt noire. Un Suisse ne
commettrait jamais une aberration pareille…
Le
Musée
Baud c'est aussi un atelier. Pas seulement pour la
réparation et l'entretien des pièces du musée (une activité qui
ne représente en fait qu'un tout petit pourcentage) mais essentiellement pour la réparation et la restauration de pièces qui proviennent du
monde entier. Je n'exagère pas en disant que le grand patron de ces
lieux, Michel
Bourgoz , est le seul spécialiste de ce niveau qui
subsiste encore à ce jour. Avec l'aide de son mécanicien
Jean-Pascal dit Paco, tous deux fournissent un travail remarquable.
Or donc Michel achète des pièces, souvent en mauvais état, les
restaure et les vend. C'est quelques magnifiques objets que je vous
présente aujourd'hui.
Tout
d'abord une pièce à disque "Stella" de la fabrique Mermod
Frères de Sainte-Croix/Suisse. L’entreprise Mermod fut fondée en
1816 par Louis Mermod. Elle a commencé par fabriquer des montres et
puis plus tard des boîtes à musique. L’entreprise a cessé ses
activités en 1925.
Usines
Mermod Frère, Sainte-Croix. Ces bâtiments ont été repris par
Thorens. Ces deux marques ont disparu mais les bâtiments subsistent.
La Stella de Mermod Frères, vers 1900
Brevets déposés
Disque de 43 cm, clavier de 84 lames, avec 10 disques
Cette magnifique pièce est à vendre pour CHF 6'600.- ou 7'700.- avec la table
Passons
maintenant à la pièce à musique fabriquée par Thorens. Mais si
vous le voulez bien, parlons un peu de cette fabrique prestigieuse.
Qui ne connaît pas les platines tourne-disques Thorens ? Cette
entreprise a été fondée en 1883 par Hermann Thorens (1856 –
1943). Au début l’entreprise fabriquait des boîtes à musique
puis dès 1903 des phonographes. La production totale de gramophones
s’élevait à plus de 3 millions d'appareils, les derniers étant
les fameux modèles en « valise et tourne-disques TD126». Thorens
avait su se diversifier en fabriquant aussi des harmonicas (1914 –
1952), des briquets (1923 – 1964). A Noël 1943, la Confédération
suisse offrit un briquet Thorens, nommé le « compagnon », à tous
les soldats suisses mobilisés. Thorens fabriquait également des
rasoirs utilisant un mécanisme à ressort adapté des boites à
musique. Ces rasoirs étaient très prisés des "Globe-trotters"
de l'époque. En 1930 l’entreprise employait environ 1200
personnes. Depuis 1933 et en collaboration avec l’entreprise
allemande Strassfurt-Imperial on fabriquait aussi des radios de haut
de gamme. Mais c’était les tourne-disques qui étaient les
produits phare de Thorens pendant des décennies. Les tourne-disques
Thorens sont aujourd’hui très recherchés par les collectionneurs.
Depuis 1966 les tourne-disques Thorens sont fabriqués en Forêt
Noire, sous licence à l’entreprise EMT Willhelm Franz GmbH,
Wettingen.
L'Edelweiss de Thorens, vers 1890
Le point rouge est en fait un rubis qui fonctionne comme un lubrifiant pour le régulateur de vitesse, en quelque sorte un frein à air. Sans ce régulateur, le mécanisme s'emballerait. Toutes les pièces à musique automatiques en ont besoin.
Le ressort
Entre les deux rangées de lames (les notes) il y a des sortes de roues avec des crochets. Quand un trou du disque passe, un crochet sort, fait tourner la roue et le crochet opposé va gratter la lame pour que la note puisse se faire
Mais ce n'est pas tout... Voilà encore deux petits automates :
Tout d'abord la danseuse espagnole :
Fabriquée à Paris vers 1900 par Lambert. A vendre pour la modique somme de CHF 4'400.-
La grand-mère au tricot :
Sculptée dans du bois en Allemagne vers 1890. Il n'y a pas de musique. A vendre également CHF 4'400.-
Ben voilà, Noël approche à grands pas, vous savez que vous n'avez plus qu'à me contacter pour vos cadeaux. Et si vous m'achetez quelque chose, je viens vous l'apporter en temps voulu déguisé en Père Noël. Pari tenu.
Accordéon mécanique. Voilà quelque chose qui me plairait bien... Si vous voulez me faire cadeau de 15'000 Euros...
Chaque
deux ans, aux Gêts/Haute-Savoie, se tient un festival international
de musique mécanique. J'y suis allé sept ou huit fois pour
représenter le Musée
Baud de L'Auberson
avec mes copains guides. Maintenant
qu'ils ont disparu,
je n'ai pas eu le goût d'y aller tout seul cette année en juillet.
Mais grâce à mon
poteJean-Claude
Welche, j'y
ai retrouvé toute l'ambiance dans
sa vidéo très
bien faite :
Profitez-en
pour faire un tour sur chaîne
Youtube. Vous
y verrez des vidéos étonnantes et pourrez mesurer toute la grandeur
de son talent.
Ah
que voilà un objet très particulier du Musée
Baud : un phonographe à air chaud ou moteur Stirling.
Vous aurez toutes les explications sur la vidéo ci-dessous. Il a été
fabriqué par la Maison Paillard (caméras Bolex, machines à écrire
Hermes...) de Ste-Croix entre 1910 et 1914. A noter que ce
phonographe a été hors service durant ces quatre dernières années,
impossible pour nous de le réparer. Nous l'avons confié à l'Ecole
d'ingénieurs de Fribourg/Suisse qui n'a pas réussi. Ensuite on a
essayé auprès de l'Ecole Technique de Sainte-Croix qui n'a rien pu
faire également. Et c'est récemment qu'un habitant de la région,
mécanicien sur avions et par la suite pilote de ligne, qui la remis
en état en deux temps trois mouvements. Cela fait dix jours que nous
pouvons à nouveau le montrer à nos visiteurs. Il n'en resterait
qu'une douzaines d'exemplaires de par le monde. Et nous en avons
encore un, en réparation également.
Maintenant,
si la technique vous intéresse, rendez-vous sur la page
Wikipédia consacrée au moteur Stirling. C'est vous
qui voyez.
A
plus et portez-vous bien.
(Un grand merci au jeune homme qui a tenu mon smartphone pour la vidéo)