Orgue
de salon de Forêt Noire 1870
Aujourd'hui,
c'est probablement une exclusivité mondiale que je vous propose.
Rien que ça ! Je vous ai déjà parlé de l'orgue de salon du
Musée
, dans ce
billet (cliquez
sur les mots en rouge, ce sont des liens…). Mais pour ceux qui sont
trop fainéants (j'en connais!), un petit résumé : fabriqué
en Forêt Noire en 1870, c'est
un orgue à contre-poids de 150 kg.
Son
nom l'indique bien, c'était un instrument que l'on trouvait chez les
privés (aisés tout de même). Nous sommes le seul musée à en
posséder un de ce type. A noter
que
pour les pièces à cylindre, une mélodie va se faire sur un tour,
on est bien d'accord. Si on veut augmenter la durée d'une mélodie,
on augmente le diamètre du cylindre. Or ici, les clous et les ponts
ont été plantés sur le cylindre de manière hélicoïdales (en
spirale). Au fur à mesure qu'il tourne, il se déplace et une
mélodie va se jouer sur une douzaine de tours. Comment planter ces
clous et ces ponts ? Pascal, de Créatonal,
m'en a donné l'explication suivante :
"Face
à ton désespoir de ne pouvoir expliquer aux millions de lecteurs
quotidiens comment les goupilles ont été plantées, je me dois de
t'aider. C'est le principe du diviseur direct utilisé en mécanique.
Supposons que le régulateur fasse 240 tours pour 1 tour de cylindre
de 200 mm de diamètre, nous pouvons poser la formule suivante: (pi X
d) : n1. Soit 628,32 : 240 = 2,618 mm d'avance circonférentielle par
tour de régulateur. Supposons également que la note la plus courte
(triple croche) représente une goupille de 2 mm, une noire
représenterait un pont de 16 mm donc 6,11 tours de régulateur. La
notation pouvait être faite directement sur l'orgue en appuyant les
touches sur le cylindre et en marquant les ponts. Ensuite il
suffisait de planter les goupilles et les ponts dans les
emplacements."
C'est
tellement simple que je m'étonne de ne pas y avoir pensé moi-même…
Bon,
mais pourquoi reviens-je sur ce magnifique instrument ? Parce
qu'il a subi une rénovation complète après plus de 40 ans de bons
et loyaux services. Bon, chez nous, une révision ce n'est pas comme
sur une voiture : ça a bien pris 8 mois. Le mécanisme a été
en partie refait par l'atelier du Musée puis est parti chez les
Frères
Fuchs de Zurich, jeunes
facteurs d'orgue grands connaisseurs des instruments de notre Musée.
L’ébénisterie, quant à elle, a été confiée à un ébéniste
de Suisse-Allemande. C'est à fin juin qu'il a été remonté et
qu'on peut à nouveau le faire jouer. Au
galetas du Musée, on a retrouvé des cylindres que l'on pensait
fichus. Ben non, il a suffi de les nettoyer. Et c'est ainsi que je
peux vous faire écouter un air de la Traviata de Verdi, qui dure 7
bonnes minutes. Je pense que là nous sommes en face d'une
exclusivité mondiale…
Câble
servant à remonter et tenir le contre-poids de 150 kg qui va actionner le mécanisme
Came
servant à actionner les soufflets de manière asynchrone afin de
permettre un flux d'air continu (on la verra mieux sur la vidéo).
Cette
hélice est le régulateur de vitesse (ici on peut orienter les pâles
afin de varier la vitesse). Sans ce régulateur, le
mécanisme s'emballerait.
Les
flûtes. On ne dirait pas mais il y en a 170.
L'imposant
cylindre avec ses pointes et ses ponts
Bon
ben, bonne vidéo ! Je pense que mes amis musiciens ne vont pas
être déçus et vous non plus !
Le
prochain billet sera consacré à un phonographe très très spécial.
A bientôt donc. Et quoi que vous fassiez, faites le comme il faut !