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mercredi 27 juillet 2016

Orgue de salon à contre-poids (tout beau tout neuf)



Orgue de salon de Forêt Noire 1870

Aujourd'hui, c'est probablement une exclusivité mondiale que je vous propose. Rien que ça ! Je vous ai déjà parlé de l'orgue de salon du Musée , dans ce billet (cliquez sur les mots en rouge, ce sont des liens…). Mais pour ceux qui sont trop fainéants (j'en connais!), un petit résumé : fabriqué en Forêt Noire en 1870, c'est un orgue à contre-poids de 150 kg. Son nom l'indique bien, c'était un instrument que l'on trouvait chez les privés (aisés tout de même). Nous sommes le seul musée à en posséder un de ce type. A noter que pour les pièces à cylindre, une mélodie va se faire sur un tour, on est bien d'accord. Si on veut augmenter la durée d'une mélodie, on augmente le diamètre du cylindre. Or ici, les clous et les ponts ont été plantés sur le cylindre de manière hélicoïdales (en spirale). Au fur à mesure qu'il tourne, il se déplace et une mélodie va se jouer sur une douzaine de tours. Comment planter ces clous et ces ponts ? Pascal, de Créatonal, m'en a donné l'explication suivante :
"Face à ton désespoir de ne pouvoir expliquer aux millions de lecteurs quotidiens comment les goupilles ont été plantées, je me dois de t'aider. C'est le principe du diviseur direct utilisé en mécanique. Supposons que le régulateur fasse 240 tours pour 1 tour de cylindre de 200 mm de diamètre, nous pouvons poser la formule suivante: (pi X d) : n1. Soit 628,32 : 240 = 2,618 mm d'avance circonférentielle par tour de régulateur. Supposons également que la note la plus courte (triple croche) représente une goupille de 2 mm, une noire représenterait un pont de 16 mm donc 6,11 tours de régulateur. La notation pouvait être faite directement sur l'orgue en appuyant les touches sur le cylindre et en marquant les ponts. Ensuite il suffisait de planter les goupilles et les ponts dans les emplacements."
C'est tellement simple que je m'étonne de ne pas y avoir pensé moi-même…

Bon, mais pourquoi reviens-je sur ce magnifique instrument ? Parce qu'il a subi une rénovation complète après plus de 40 ans de bons et loyaux services. Bon, chez nous, une révision ce n'est pas comme sur une voiture : ça a bien pris 8 mois. Le mécanisme a été en partie refait par l'atelier du Musée puis est parti chez les Frères Fuchs de Zurich, jeunes facteurs d'orgue grands connaisseurs des instruments de notre Musée. L’ébénisterie, quant à elle, a été confiée à un ébéniste de Suisse-Allemande. C'est à fin juin qu'il a été remonté et qu'on peut à nouveau le faire jouer. Au galetas du Musée, on a retrouvé des cylindres que l'on pensait fichus. Ben non, il a suffi de les nettoyer. Et c'est ainsi que je peux vous faire écouter un air de la Traviata de Verdi, qui dure 7 bonnes minutes. Je pense que là nous sommes en face d'une exclusivité mondiale…


Câble servant à remonter et tenir le contre-poids de 150 kg qui va actionner le mécanisme


Came servant à actionner les soufflets de manière asynchrone afin de permettre un flux d'air continu (on la verra mieux sur la vidéo).
Cette hélice est le régulateur de vitesse (ici on peut orienter les pâles afin de varier la vitesse). Sans ce régulateur, le mécanisme s'emballerait.


Les flûtes. On ne dirait pas mais il y en a 170.


L'imposant cylindre avec ses pointes et ses ponts

Bon ben, bonne vidéo ! Je pense que mes amis musiciens ne vont pas être déçus et vous non plus !


Le prochain billet sera consacré à un phonographe très très spécial. A bientôt donc. Et quoi que vous fassiez, faites le comme il faut !