Collection d'instruments de musique mécanique (orgues de barbarie, automates anciens, orchestrions, boîtes à musique) présentée par le Musée Baud de L'Auberson/Ste-Croix/Suisse et musique mécanique glanée ici et là.
Allez,
c'est le printemps, les p'tits zoziaux chantent. Alors fêtons ça
avec ceux de la maison Phalibois (je vous laisse découvrir
l'histoire de cette maison sur
Wikipedia
). Ce
"buisson aux oiseaux siffleurs" date des environs de 1880.
Nous ne le présentons plus au Musée
car devenu trop délicat et il est désormais sous vitrine. Comme je
ne recule devant aucun sacrifice, je l'ai remis en route rien que
pour vous. On y voit un
oiseau qui chante (en bas à droite), un qui passe d'une branche à
l'autre et un papillon qui bat des ailes. Les
oiseaux ont de vraies
plumes. Autrement dit, à
l'époque on chopait des oiseaux, exotiques si possible, on leur
tordait le cou pour leur piquer les plumes et en faire des oiseaux
mécaniques...
J'en
ai même fait une vidéo ; bon, elle est verticale, et je
déteste les vidéos verticales dont on nous bombarbe sur Facebook.
Imaginez-vous voir un film au cinéma dans ce format ? Mais ici
je n'avais pas tellement le choix si vous voulez la voir dans son
entier :
AuMuséeil
y a ce magnifique chalet à musique. Il est de 1870 environ et aurait
été sculpté par un homme
deL'Auberson(où
se trouve notre Musée au cas où vous ne le sauriez encore pas…).
C'est un chalet existant semble-t-il.Il
est
du stylePays-d'Enhautou
de laVallée
des Ormonts (Alpes
vaudoises). Il
y a huit ans,
j'ai envoyé les photos de ce chalet à mes collègues
des postes de gendarmerie de la région
qui se sont vraiment donnés du cœur à chercher. Réponse négative,
inconnu au bataillon. Un
de nos visiteurs me dit un
jour que
c'est peut-être un chalet duSimmental(Alpes
bernoises). J'envoie également les photos dans la caisse à nimèles
de l'office du tourisme du coin en expliquant l'histoire de ce
chalet, son origine éventuelle, que nous sommes un musée bien
connu, et tout et tout. Tenez-vous
bien, la réponse arrive quelques minutes après : ”A notre
connaissance, ce chalet n'est pas chez nous. Mais vous pouvez
commander un livre montrant les différentes constructions du
Simmental pour le prix de fr. 16.-. Peut-être que le chalet que vous
cherchez se trouve dedans."… C'est
petit petit comme réponse ! Visiblement, ils n'ont pas une
Daniela (coucou Daniela !) comme à l'office du tourisme de
Lausanne. Bon
ben, les recherches continuent.
Allez
maintenant en route ! Je guidouille auMusée.
Portez-vous bien !
C’est
une pièce rare, il semble que l’on soit le seul musée à posséder
un tel instrument. On n’en sait pas grand-chose. Tout ce que l’on
peut en dire, c’est qu’il a été fabriqué en Forêt Noire, donc
en Allemagne, aux environs de 1870. C’est un orgue de salon, oui
M’sieurs – Dames. Faut quand même un grand salon, n’est-il
pas ?
Il y a 170 tuyaux d'orgue. On ne dirait pas mais ils y sont...
C’est
donc un orgue à cylindre de bois. Une pièce imposante d'environ 2,3 m. de hauteur sur 1,8 m. de largeur. Le cylindre, lui, 1,2 m.
En principe, une
mélodie va se faire sur un tour de cylindre. On est tous d’accord
là-dessus, ok ? Si on veut augmenter la durée d’une mélodie,
on doit donc augmenter le diamètre du cylindre. Il y a des carillons automatiques dans le nord de la France et en Belgique qui ont des cylindres de
plus de 2 mètres de diamètre… Eh ben là, sur cet orgue de salon,
il y a une astuce : les clous ont été plantés dans le
cylindre de manière hélicoïdale (en spirale). En même temps qu’il
tourne, le cylindre se déplace ; cela permet ainsi à une
mélodie de se faire sur 12 tours. Fallait pas me demander comment savoir où planter les clous et les ponts mais heureusement que mon pote Pascal deCréatonal,grand collectionneur et fabriquant- restaurateur d'instruments de musique mécanique m'a fourni une explication claire, précise et qui vous semblera évidente à vous aussi : "Face
à ton désespoir de ne pouvoir expliquer aux millions de lecteurs
quotidiens comment les goupilles ont été plantées, je me dois de
t'aider. C'est le principe du diviseur direct utilisé en mécanique.
Supposons que le régulateur fasse 240 tours pour 1 tour de cylindre
de 200 mm de diamètre, nous pouvons poser la formule suivante: (pi X
d) : n1. Soit 628,32 : 240 = 2,618 mm d'avance circonférentielle par
tour de régulateur. Supposons également que la note la plus courte
(triple croche) représente une goupille de 2 mm, une noire
représenterait un pont de 16 mm donc 6,11 tours de régulateur. La
notation pouvait être faite directement sur l'orgue en appuyant les
touches sur le cylindre et en marquant les ponts. Ensuite il
suffisait de planter les goupilles et les ponts dans les
emplacements."
Ben voyons ! Merci Pascal. Et
l’énergie pour faire fonctionner tout ça hein ? Et bien
c’est un poids de 150 kg se trouvant au dos de l’appareil qu’il
faut remonter chaque jour avant la première visite. C’est donc un
peu un système semblable aux horloges ”coucou” dont le mécanisme
est actionné par des ”pives” ou autres poids…
Cette
hélice est un frein à air. Toute pièce à cylindre doit
avoir ce genre de régulateur pour éviter que le mécanisme ne
s'emballe. Ici, on peut en plus orienter les ailettes différemment
afin de varier la vitesse. Là, elle est dans la
position de frein maximum...
Au-dessus
et à droite de la grande roue dentée, une came permet aux soufflets
de travailler à tour de rôle afin de garantir un flux continu
d'air...
Les
soufflets et en-dessous, l'emplacement pour d'autres cylindres
Et comme je l'ai dit plus haut, c'est un orgue que l'on a à la maison ; faut donc pas de
bringues en ménage car il faut être deux pour tourner le disque…
Autrement on écoute toujours le même… Bon, vous me direz que quand on a des histoires en ménage, Madame nous passe toujours le même disque...
Une
des deux portes de l'orgue de salon. Lors de sa rénovation, c'est
une dame de L'Auberson qui a peint ces personnages sur une toile de
jute...
Détails d'un cylindre
Et
comme d'hab, voilà une petite vidéo :
Eh
ben, vous en aurez appris des choses, aujourd'hui ! Portez-vous
bien et à n'importe quand !